Huiles essentielles : les chémotypes
Les chémotypes ne correspondent pas à différentes variétés
d’une même plante mais bel et bien à exactement la même plante sur le plan
botanique : Genre – espèce – éventuellement variété. La différence de composition
chimique a une autre origine…En fait elle peut avoir plusieurs origines.
Pour illustrer les diverses possibilités, prenons l'exemple du thym qui balaye un peu tous les cas.
J’ai résumé la rubrique correspondante de Aromatherapy for health Professionals de Shirley et Len Price, Churchill Livingston Elsevier.
Les thyms à phénols (dits thyms rouges car autrefois, les HE se coloraient en rouge lors de la distillation par oxydation du matériau de l’alambic), thyms poussant dans les vallées :
1.Thymus vulgaris CT thymol :
Cueillette de printemps : 30%
thymol + paracymène + gamma-terpinène (tous deux précurseurs du thymol)
Cueillette d’automne : 60-70
% thymol
2.Thymus vulgaris CT carvacrol :
Cueillette de printemps : 30%
carvacrol + paracymène + gamma-terpinène (tous deux précurseurs du thymol)
Cueillette d’automne : 60-80
% carvacrol
Pour les chémotypes à phénols, la composition évolue au fur et à mesure de l’évolution de la floraison (boutons, fleurs, fin de floraison), donc de la saison.
Les thyms à alcool (dits thyms jaunes en anglais, je dirais thyms blancs en français) :
3.Thymus vulgaris CT linalol : thym de haute altitude à odeur herbacée, contient du linalol et de l’acétate de linalyle.
4.Thymus vulgaris CT thujanol, pas de variation saisonnière : 50% tran-thujanol, environ 15% terpinène-4-ol, environ 15% cis-myrcénol-8. Uniquement sauvage, pas de culture possible, odeur florale.
5.Thymus vulgaris CT alpha-terpinéol, odeur poivrée : ester-terpényl acétate (nom anglais, traduction peut être à revoir) 80-90% forme libre ou estérifiée (plus au printemps)
6.Thymus vulgaris CT géraniol , thym de haute altitude, odeur citronnée : ester géranyle acétate (nom anglais, traduction peut être à revoir), géraniol (alcool) 80 à 90%, forme libre ou estérifiée.
Variations saisonnières : plus de géranyle acétate au printemps, plus de géraniol à l’automne.
Il existe également un chémotype cinéole et un chémotype paracimène.
Chaque chémotype a des spécificités liées à sa composition. Soit 8 huiles essentielles différentes aumoins pour exactement la même plante sur le plan botanique...
On constate que la composition chimique de l’huile essentielle de thym Thymus vulgaris varie en fonction du lieu de sa cueillette et de l’époque à laquelle il est cueilli.
Il existe également des plantes qui donneront des huiles essentielles à chémotype différents selon la variété comme l’acore odorant:
Acorus calamus L. var. Angustatus Bass. Asaroniferum = Acore vrai ou roseau odorant à asarone
Et Acorus calamus L. var. calamus L. Shyobunoniferum = Acore vrai ou roseau odorant à shyobunone (L’aromathérapie exactement, Franchomme-Pénoël-Jollois)
Mais la plupart des huiles essentielles produitent à partir de plantes différant par la variété donnent des HE totalement différentes :
Cymbopogon martinii Stapf. Var.motia = Palmarosa
Et Cymbopogon martinii Stapf. var. sofia = Gingergrass (L’aromathérapie exactement, Franchomme-Pénoël-Jollois)
Une petite liste non exhaustive des plantes botaniquement identiques qui peuvent fournir différents chémotypes d’huiles essentielles : Le thym (au cas où vous n’auriez pas encore compris… ;)), le romarin (Rosmarinus officinalis CT camphre, ou cinéole, ou verbénone), le basilic (Ocimum basilicum CT linalol, ou estragole ou eugénol mais là en plus se glisse plusieurs variétés de basilic qui compliquent la donne), le niaouli (Melaleuca quinquinervia cinéole, ou viridiflorol, ou nérolidol)…
Mais aussi moins connu : L’estragon (Artemisia dracunculus CT estragole ou sabinène), la sauge officinale (Salvia officinalis CT thujone ou cinéole, huile essentielle en vente réservée aux pharmaciens), la valériane (Valerinan officinalis CT valeranone ou valeranal ou cryptofuranol), la mélisse (Melissa officinalis CT citral ou citronellal)…
On ne devrait pas acheter une huile essentielle pouvant être chémotypée sans précision du chémotype sur l’étiquette… Cette précaution est indispensable pour les huiles essentielles de thym, romarin et basilic. Pour les autres, il vous sera souvent difficile d’obtenir un flacon mentionnant cette précision.
Dans ce cas, soit on peut partir du principe qu’on a affaire
au chémotype le plus courant, soit on exigera de son fournisseur les résultats
d’une chromatographie en phase gazeuse
du lot concerné. Normalement tout fournisseur sérieux est en mesure de vous
fournir une chromato car il doit logiquement la demander à son fournisseur ou
producteur ou la faire faire lui même, par exemple s’il se fournit auprès d’un
petit distillateur sérieux mais qui n’a pas les moyens de faire faire une chromato
pour chaque lot.
Dans tous les cas, n’oubliez jamais de tenir compte du chémotype des huiles essentielles car propriétés et précautions d’emploi peuvent être complètement différents selon le chémotype.